Picoty a rejoint le Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine fin 2021. Basée à La Souterraine dans la Creuse, l’entreprise familiale qui souffle ses 100 bougies cette année s’est développée pour devenir un acteur majeur de l’énergie. Depuis les produits pétroliers jusqu’aux biocarburants, dans un contexte plus qu’incertain, elle prépare l’avenir. Nous avons posé trois questions à Michel Picoty, Président.
Comment évolue le métier d’un acteur de l’énergie centenaire comme Picoty ?
Michel Picoty : « L’entreprise créée par mon grand-père en 1922 a évolué après-guerre vers les produits pétroliers, dont le besoin était en plein essor. Aujourd’hui, nous sommes un acteur majeur qui importe, stocke et distribue des produits énergétiques : produits pétroliers et produits de chauffage. Nous disposons d’un dépôt pétrolier de plus de 280 000 mètres cubes à La Rochelle, de 90 dépôts secondaires de stockage gérés par nos 22 filiales de distribution, et d’un réseau de 286 stations-services Avia dans la moitié Ouest de la France.
Mais aujourd’hui, mon métier est… de changer de métier, pour répondre aux enjeux de la transformation énergétique. J’y pense tous les matins en me levant ! Ce n’est pas une révolution mais une évolution, en douceur, car le pétrole ne va pas disparaître demain.
Nous sommes positionnés sur le gaz naturel, qui a plus d’avenir, avec la construction en cours de notre 6e station-service au gaz naturel ; sur le super éthanol (E85) contenant 70% d’un alcool issu de la filière agricole, qui est en pleine évolution ; ou encore la distribution électrique pour la mobilité, en installant des bornes de chargement. Cela implique d’importants investissements et des transformations de notre organisation, notamment en intégrant les bonnes compétences. »
Quels sont les effets de la guerre en Ukraine sur votre activité ?
MP : « Contrairement à ce qu’indiquent certains médias, il n’y a pas de pénurie, mais une explosion de la demande en réaction à la crise et à la crainte que la hausse des prix se poursuive. Cela crée une rareté du produit car les acteurs, producteurs ou distributeurs, n’étaient pas préparés à cette situation. L’offre s’en trouve déséquilibrée. Nous avons réagi en restructurant les stocks, en trouvant des solutions. La tension se calme, mais les prix vont rester hauts tant que le conflit dure, que les tensions géopolitiques perdurent. Personne ne sait où on va, jusqu’où la situation peut évoluer.
Mon travail est de protéger mon capital clients, mais on se heurte à des problèmes financiers. Propulsés par la hausse des prix, les encours clients, particuliers comme professionnels, montent, et de ce fait les risques financiers, jusqu’à un point difficilement tolérable. Un camion de gazole qui valait entre 30 et 50 000 euros en vaut aujourd’hui plus de 100 000. Cela génère une ambiance très tendue, il faut communiquer, expliquer les choses à nos clients.
Cette crise amplifie l’évolution vers de nouvelle énergies, mais surtout le besoin de structurer une indépendance énergétique au niveau du pays. »
Et demain ? Quels sont les futurs développements de Picoty ?
MP : « Je suis la troisième génération familiale et la quatrième est déjà présente dans l’entreprise. Je n’ai pas le droit de leur léguer une poubelle ! Par ailleurs, ils mettent une saine pression à notre évolution.
La mono-énergie n’est pas envisageable. La solution réside dans un équilibre à trouver entre les différentes énergies : électrique, éolien, solaire… Nous installons des ombrières sur nos parkings pour alimenter les bornes électriques. Une trentaine de nos sites sont déjà équipés en bornes de recharge électrique et 6 en Gaz Naturel Véhicule.
Nous avons créé une filiale de Recherche et Développement qui travaille sur les projets du futur. Dans les cartons, l’hydrogène : nous installons un démonstrateur à La Rochelle pour faire les preuves de cette solution d’avenir pour la mobilité, depuis les poids lourds jusqu’à la mobilité douce. Nous avons installé des veilles pour déceler et suivre toutes les pistes opportunes pour les solutions de demain. A nous de faire le bon choix au bon moment. La transition est là, à nous de la gérer. »